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Élections présidentielles au Pérou

Par Marine Testé


Des élections présidentielles controversées : les résultats officiels tardent


Le 6 juin 2021 ont eu lieu les élections présidentielles péruviennes.

Après 9 jours de décompte, le mardi 15 juin, 100% des bulletins ont été dépouillés, donnant vainqueur le candidat de gauche, Pedro Castillo.



Le résultat est malgré tout très serré, il n’a que 44 000 voix d’avance sur son adversaire, Keiko Fujimori, candidate de droite qui ne digère pas sa troisième défaite.

La candidate a d’ores et déjà réfuté sa défaite et a commencé à intenter de nombreux recours pour contester les résultats.


Malgré les contestations de Kieko Fujimori, l’organisme public de défense du peuple a déclaré « n’avoir constaté aucune tentative de bafouer la volonté populaire » et a rejeté ces accusations de « fraude » de la part du parti de droite. De plus, les observateurs indépendants nationaux et internationaux sont unanimes : il n’y a eu aucune tentative de fraude électorale.

Ces milliers de votes contestés sont donc entre les mains du Jury National des élections qui devra prendre la décision ou non d’invalider ces bulletins.



Pedro Castillo, le candidat de gauche donné gagnant par les urnes


Cet instituteur a débuté sa carrière politique en prenant la tête du mouvement de grève des enseignants. De gauche radicale, il représente le parti marxiste-léniniste du Pérou Libre. Il véhicule l’image d’enseignant pauvre et intègre, se battant contre une élite riche et corrompue.


Il opte pour du socialisme sur le plan économique, mais est plutôt conservateur au niveau sociétal. En effet, lutter contre la pauvreté et investir massivement dans l’éducation, la santé et l’agriculture sont ses mots d’ordre. Cependant, au nom de la Bible il promet de conserver l’interdiction partielle d’avortement, de rétablir la peine de mort et de s’opposer à la légalisation du mariage homosexuel.

En faveur de la militarisation de la jeunesse, il véhicule la volonté que les citoyens soient armés afin de pouvoir rendre justice au moyen d’une « administration sociale».


S’il est investi le 28 juillet, après la validation officielle des résultats, il devra composer avec un parlement à majorité conservatrice.



Pedro Castillo

Keiko Fujimori, la farouche opposante de droite


Fille d’Alberto Fujimori qui a été au pouvoir de 1990 à 2000, elle représente le parti de droite radicale Force Populaire.

Elle a déjà été battue de justesse aux élections présidentielles de 2011 puis de 2016.

Par la suite son parti a été accusé à maintes reprises de corruption : elle fut même placée en détention provisoire entre 2018 et 2020. Le parquet a demandé 30 ans de prison à son encontre en mars dernier.


Partisane de l’économie libérale, et en faveur du libre-échange, elle s’engage à créer 2 millions d’emplois et à défendre le secteur minier.

Elle souhaiterait assouplir les restrictions liées à la pandémie du COVID-19 et verser une prime aux familles ayant perdu un proche à cause du virus.

Elle aussi très conservatrice, elle est en faveur du rétablissement de la peine de mort et catégoriquement opposée au mariage homosexuel et à la légalisation totale de l’avortement.


Dès le lendemain des élections, elle a réfuté les résultats et déposé plusieurs centaines de recours, contestant la validité de milliers de votes qu’elle dit issus de « fiefs incontestés de Pedro Castillo ».

Certains membres de son parti ont même demandé l’annulation de ces élections et l’organisation d’un nouveau scrutin.



Une campagne mouvementée


La campagne présidentielle a été marquée par les violences verbales et les attaques personnelles. Lopez Aliaga, un candidat, a même proféré des menaces de mort à l’encontre de Pedro Castillo.

Les médias péruviens ont largement mené une campagne à son encontre, présenté comme un communiste porteur d’une politique économique “à la vénézuélienne”.

Les journalistes qui ont osé critiquer le manque d’impartialité de leurs lignes éditoriales ont été licenciés par la suite.


Une présidentielle à l’image de la fracture du pays


Le Pérou est profondément divisé entre le Pérou des villes, inséré dans la croissance économique, et le Pérou des campagnes, oublié de l’État.

Cette campagne a été révélatrice de la division historique entre les populations de l’intérieur, assez pauvres et attachées à leur culture d’origine, et les populations mélangées de la côte.


Le pays est empêtré dans une crise politique : en 5 ans il a connu 4 présidents de la République et une dissolution du Congrès. La défiance de la population envers les institutions a atteint son paroxysme en raison de la multiplication des problèmes de corruption, ce qui explique un deuxième tour composé de deux candidats populistes.

Corruption et sécurité ont occupé une place centrale au moment du scrutin.


La candidate de droite a gagné des voix dans les zones urbaines réclamant davantage de sécurité grâce à son image de personne qui « va remettre le pays en ordre », là où le candidat de gauche a rassemblé les voix s’élevant contre des institutions corrompues.


On observe une véritable polarisation politique du pays selon les clivages sociaux : les zones les plus riches affirment leur soutien à Keiko Fujimori tandis que les zones les plus pauvres sont en faveur de Pedro Castillo.


Crédit photo 1 : Johnattan Rupire/ Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Crédit photo 2 : Pedro Castillo/ Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0


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