Colombie : un mouvement de contestation anti-gouvernemental fortement réprimé par le pouvoir
Par Grégoire Pradelle
La Colombie est depuis peu en proie à des affrontements entre les manifestants d’un mouvement populaire et force du pouvoir. Ce vendredi 28 mai encore 13 personnes sont mortes dans les affrontements à Cali (la troisième plus grande ville du pays), et 8 autres le samedi 29. La situation est de plus en plus tendue.

Les origines du mouvement anti-gouvernemental
À l’origine, c'est un projet de loi de réforme fiscale qui a lancé le mouvement. Le comité national de grèves a lancé à partir du 28 avril 2021 un mouvement contre ce projet de loi qui visait à faire augmenter un certain nombre d’impôts touchant directement les classes moyennes et basses. Parmi ces impôts, on retrouve l’élargissement de la TVA à de nombreux produits, de réduire ou supprimer des exonérations, mais surtout de mettre en place un impôt sur les revenus salariaux à des niveaux plus bas qu’auparavant.
Cette loi était largement critiquée au sein même du pouvoir et ainsi s’est vue annulée. Par ailleurs, le ministre des finances qui avait initié ce projet a été remplacé. Cependant, le mouvement alors lancé ne faiblit pas, et comme l’explique Mathilde Allain - maître de conférences à l’institut des hautes études d’Amérique latine - "la réforme fiscale a été le principal détonateur des manifestations" mais "d'autres revendications ont très vite émergé".
Ainsi le mouvement s'est développé et il a été rejoint par différents groupes tels que les défenseurs de l’environnement, les étudiants, des indigènes, et autres. Les manifestants qui se regroupent dans les grandes villes du pays réclament maintenant le retrait de la réforme de la santé qui visait à restreindre le droit à des soins de qualité. Ce mouvement se bat désormais aussi pour une réforme des forces de l’ordre qui n’hésitent pas à user de la violence pour réprimer les manifestations.
