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La France suspend les vols en provenance du Brésil, foyer d’un nouveau variant

Par Marine Testé


Face à l’aggravation de la situation sanitaire au Brésil et à la propagation du variant P1, le Premier ministre Jean Castex a annoncé, lors d’une session à l’Assemblée Nationale, suspendre tous les vols en provenance et en direction du Brésil. En effet, le Brésil est l’épicentre du nouveau variant du Covid-19, jugé plus contagieux et plus mortel selon les scientifiques.

Le décret s’appliquera jusqu’à nouvel ordre. Les Français encore au Brésil peuvent toujours rejoindre la France via des vols à escales, ou bien en partant d’un autre pays.


Equipe sanitaire brésilienne.

Le Brésil s’enlise dans une situation sanitaire dramatique


« L’épidémie est hors de contrôle » a déclaré le cancérologue brésilien Drauzio Varella, suite aux 66 000 décès enregistrés uniquement durant le mois de mars. Le Brésil est le second pays le plus endeuillé, talonnant les États-Unis, avec plus de 350 000 morts depuis le début de l’épidémie. Actuellement, le pays comptabilise près de 4 000 morts par jour, soit deux morts par minute.


L’association Brésilienne des Soins Intensifs (AMIB) estime que la hausse spectaculaire des morts au mois de mars est principalement causée par la propagation du variant P1, qui est majoritaire au Brésil.


Alors que la situation des hôpitaux est dramatique et que le taux d’occupation des lits en soins intensifs dépasse les 90%, le président Jair Bolsonaro refuse toujours l’idée d’un confinement national. Les bars et restaurants ont même rouvert vendredi à Rio de Janeiro pendant que des centaines de malades meurent en attendant un lit de libre à l’hôpital. Dans le même temps, la vaccination avance lentement : retard de fabrication et de livraison s’accumulent. Seulement 21 millions de brésiliens ont reçu leur première dose, soit 10% de la population.


Les spécialistes alertent d’un variant plus dangereux


L’émergence du variant brésilien P1 inquiète. Sa progression est fulgurante : arrivé à la mi-décembre au Brésil, il est aujourd’hui majoritaire. Des spécialistes ont établi que ce variant porte une mutation qui rend la souche du virus plus contagieuse et plus résistante au vaccin.



De plus, il semble plus agressif. Aujourd’hui, 52% des Brésiliens en soins intensifs souffrant du COVID ont moins de 40 ans alors qu’ils n’étaient que 14,6% au début de la pandémie.

De plus, ils évoquent un « échappement immunitaire » : la souche est suspectée d’amoindrir l’immunité acquise lors d’une infection passée, ouvrant la voie à une possible réinfection.

S’il est aujourd’hui minoritaire en France, il pourrait supplanter le variant britannique s’il venait à se diffuser, ce qui pourrait entraîner une quatrième vague très meurtrière.


Une mesure jugée trop tardive


La mesure prise par Jean Castex hier est perçue par l’opinion publique comme une réponse aux critiques adressées à l’exécutif concernant son manque de précaution envers le variant brésilien. Jean Castex s’est défendu de toute inaction du gouvernement arguant que les voyageurs en provenance du Brésil devaient au préalable présenter un test PCR négatif et s’isoler durant sept jours.

Cet isolement est vivement critiqué car il ne fait l’objet d’aucune surveillance. Pour certains épidémiologistes, la mesure ne va pas assez loin car certains voisins européens sont déjà contaminés par le variant. Ils réclament une fermeture des frontières avec nos voisins et un renforcement du protocole d’isolement.


La France en retard sur ses voisins européens


Dès janvier, la commission européenne avait recommandé aux 27 de prendre des mesures « plus strictes » concernant les passagers en provenance des régions atteintes par les nouveaux variants. Le Portugal avait dès lors suspendu tous ses vols en provenance du Brésil, organisant uniquement ponctuellement des vols de rapatriements.


Plus récemment, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Italie ont pris la décision que seuls leurs ressortissants pouvaient revenir du Brésil, sous de strictes conditions. Au Royaume-Uni, dix jours d’isolement dans un hôtel et deux tests PCR négatifs sont obligatoires. L’Italie interdit d’entrer sur son territoire toute personne ayant visité le Brésil dans les 14 jours précédents, sauf exceptions pour ses ressortissants. L’Allemagne et les Pays-Bas quant à eux exigent un auto-isolement de respectivement 14 jours et 10 jours.


Crédit photo 1 : Agência Brasília / Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution 2.0

Crédit photo 2 : Lukas Souza/ Unsplash


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