Par Grégoire Pradelle
Ce vendredi 4 juin 2021, l’ONU a lancé un appel aux fonds pour résoudre une grave situation humanitaire qui s’est développée au Tchad, cet Etat d’Afrique centrale compterait un tiers de sa population dans une situation de besoin extrême, ce qui représente environ 5,5 millions de personnes.
La situation pour la population locale est très complexe : selon les chiffres de L’ONU, sur les 5.5 millions de personnes ayant besoin d’aide humanitaire, 4.7 millions souffrent de malnutrition, et 1.1 million d’entre eux sont en insécurité alimentaire sévère. De plus, le faible accès à des services sociaux de base, tels que l’eau potable ou les soins de santé primaires, facilite le développement d’épidémies. On recense en 2021 des cas de rougeole, de paludisme et de covid au sein de la population.
L’économie du pays repose maintenant en grande partie sur l’exploitation des puits de pétrole présents sur le territoire. Ceci ne bénéficie qu’à un petit groupe de personnes seulement et ne parvient pas au plus grand nombre. Ce qui rend la population très pauvre (66.2% de la population sous la ligne de pauvreté selon des chiffres de 2019), et celle-ci se concentre sur l’élevage et l’agriculture pour subvenir à ses besoins.
Le Tchad subit aussi les effets d’une forte migration interne : on dénombre 460 000 déplacés vers le bassin du lac, une région à l’Ouest du pays. Ceci combiné avec plus d’un million de réfugiés et déplacés, dont 500 000 réfugiés venants du Soudan, du Nigeria et de la Centrafrique. Ces populations sont, elles aussi, à risque en matière de malnutrition et d’accès aux services de première nécessité.
A tout cela s'ajoutent les insécurités vécues au quotidien par les populations dues aux incursions et aux infiltrations des groupes armés non étatiques (GANE) qui se battent contre les Forces de sécurité et de défense du gouvernement.
Le pays subit aussi des tensions liées au djihadisme présent dans la région, notamment la région des lacs, où certaines îles marécageuses sont utilisées par Boko Haram. Ils attaquent depuis ces positions des bases militaires, mais aussi des villages civils.
La situation politique du pays
Le système politique du Tchad est un système républicain présidentiel en temps normal, la présidence était assurée par Idriss Déby, membre du parti MPS (Mouvement Patriotique du Salut). Il s’agit d’un parti nationaliste tchadien fondé par Idriss Déby lui-même. Cependant, depuis le 20 avril 2021 qui marque la mort d’Idriss Déby, le pouvoir a été récupéré par une junte militaire dirigée par un de ses fils - Mahamat Idriss Déby - qui s’est empressé de dissoudre les instances du pouvoir exécutif - Assemblée nationale et gouvernement. Cette junte est censée faire la transition vers un nouveau pouvoir démocratique, cependant les militaires ont prévu une période de transition de 18 mois renouvelable une fois, ce qui est considéré comme très long.
Réactions internationales
Face à cette situation politique et humanitaire instable, l’ONU se dit prêt à venir en aide aux populations du Tchad. L’appel aux fonds lancé publiquement par l’ONU en est un témoin notable. Ces fonds sont pour l’instant trop faibles pour que le Bureau de la Coordination des affaires Humanitaires de l’ONU (OCHA) puisse intervenir dans les secteurs de la santé, de la nutrition, des logements, et bien entendu de l’éducation.
Cependant, de nombreux pays sont réticents à fournir l’aide de peur qu’elle ne soit récupérée par les élites et les militaires. En effet, la période de 36 mois prévue pour la transition est bien trop longue pour beaucoup de nations comme l'Union européenne et l'Union africaine. Elles demandent une période de transition d’une durée maximale de 18 mois. Au bout de cette période, une élection inclusive et crédible doit être organisée et les membres du gouvernement de transition ne doivent pas se représenter.
Crédit photo 1 : Richard Bumgardner/ Wikimedia Commons, no change made/ Public Domain
Crédit photo 2 : SuSanA Secretariat/ Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution 2.0
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