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Un prix Nobel de la paix au précipice d’une guerre civile

Dernière mise à jour : 4 nov. 2021

Le lundi 4 octobre, Abiy Ahmed a été investi par la présidente de la cour suprême pour un nouveau mandat de cinq ans en tant que premier ministre. Suite aux élections générales en juin 2021, la tête du gouvernement éthiopien a obtenu une écrasante victoire, remerciant ses concitoyens de lui faire confiance. Cependant, les modalités même de l’élection sont remises en cause, de nombreux chefs de l’opposition ont été emprisonnés et en réponse, la majorité de cette dernière a refusé de voter. Si sa prise du pouvoir est grandement critiquée par l’opposition interne, Ahmed se retrouve désormais aussi au bord d’une guerre civile. En conflit avec la région Tigré depuis novembre 2020, le gagnant du prix Nobel de la paix en 2019 est aussi au centre de l’attention mondiale.



Un premier ministre « novateur » reprenant les actions du passé


Le jeune politicien a remplacé son prédécesseur, Hailemariam Desalegn, après sa résignation durant une période sous tension pour le pays en 2018. Ses efforts ont permis d’arrêter le conflit entre la nation et son voisin l’Érythrée. Après la libération de nombreux prisonniers politiques et la refonte totale du gouvernement, Ahmed semblait suivre ses promesses, annonçant une nouvelle ère pour le pays. Ses actions furent alors récompensées en 2019 par la remise du prix Nobel de la paix, montrant alors la reconnaissance internationale.


Malgré ce qui semblait être un succès retentissant, les clivages ethniques entre les différentes communautés et la pandémie causée par le COVID-19 ont permis à Abiy de reprendre les mesures de ses prédécesseurs : emprisonnement de ses opposants politiques, répression de la presse…


Sous le contexte de la pandémie, le premier ministre repousse à plusieurs reprises les élections générales de 2020. Refusant ces délais supplémentaires accompagnant des mesures de plus en plus autoritaires, le parti TPLF, représentant l’opposition principale du premier ministre, a organisé et gagné des élections anticipées dans la région Tigrée. Le parti avait quitté le parti Prosperity, formé par Abiy, refusant de céder l’influence majeure que la région possédait au sein de la sphère politique éthiopienne. En réponse, Ahmed a déclaré ces élections illégales et, voulant mater l’opposition formée par la région, a escaladé les mesures prises.