Par Nacim Souni et Alice Desvilles
Alors que les restrictions sanitaires se multiplient en Europe, avec par exemple le reconfinement du vendredi 29 octobre en France, les mesures sont parfois mal accueillies dans certains pays. C’est d’ailleurs le cas en Italie et en Espagne.
Nouvelles mesures contre la covid-19
En Italie, le gouvernement a décidé d’instaurer ce que les médias italiens nomment un “semi-confinement” : un couvre-feu dans plusieurs régions a été imposé, ainsi que la fermeture à 18h des bars, restaurants, salles de sport, salles de cinéma et salles de concert. Une partie de la population italienne n’a pas apprécié ces consignes après le bilan économique catastrophique du premier confinement. En effet, la ville de Florence a vécu “une nuit surréaliste, terrible et douloureuse” selon le maire de la ville, Dario Nardella. Des heurts ont en effet éclaté entre la police anti-émeute et près de 200 manifestants, qui ont alors lancé des cocktails Molotov, des bouteilles et des pierres. De nombreuses dégradations ont aussi été commises dans la ville mais aussi à Naples, Turin et Rome.
La peur des conséquences économiques
Cependant, beaucoup d’Italiens veulent simplement exprimer leurs frustrations et inquiétudes face à ces nouvelles mesures qui seront dévastatrices pour l’économie nationale déjà tant meurtrie. A Palerme, Bologne ou encore Vérone, de paisibles manifestations ont pris place, et des chants bien différents de ceux du premier confinement ont retenti à Trieste, durant lesquels les Italiens appelaient en cœur à pouvoir travailler.
Leurs détresse et colère sont largement compréhensibles : l’Italie souffre de la pire récession de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale, et le gouvernement ne semble pas savoir sur quel pied danser, le Premier Ministre Giuseppe Conte ayant annoncé la disponibilité d’un vaccin dès décembre et ayant assuré en octobre l’exclusion d’un reconfinement.
Seulement, le chaos subsiste dans le pays malgré les différentes solutions décrites par le gouvernement, comme une aide pour les entreprises de cinq milliards d’euros ou l’interdiction des licenciements. En effet, de nombreux habitants se plaignent de ne pas avoir touché le chômage depuis le mois de mai par exemple, et des commerçants appellent au soutien financier de leurs clients car l’aide gouvernementale ne serait que très peu suffisante.
En Espagne, la mise en place d’un couvre-feu de 23h à 6h, avec la possibilité d’élargissement ou de raccourcissement par les régions, et du “bouclage” de son territoire a fait naître quelques heurts, même si moins nombreux qu’en Italie. En effet, de violentes manifestations dénonçant les mesures sanitaires se sont déroulées à Barcelone ainsi qu’à Madrid, où de nombreux actes de vandalisme et de pillage ont aussi été commis. La ville déplore même douze blessés, dont trois policiers. Les manifestants criaient « Liberté ! » et ont même érigé des barricades de fortunes sur la Gran Via. Le Premier Ministre espagnol Pedro Sanchez n’a pas manqué de dénoncer ces actes qui restent néanmoins très marginaux « le comportement violent et irrationnel de groupes minoritaires est intolérable ».
Un bilan économique déjà inquiétant
La colère de la population espagnole semble avoir les mêmes racines que celle des Italiens : la peur de nouvelles sévères restrictions les habitent, accompagnée de l’angoisse d’une récession économique pire que celle déjà annoncée. L’inquiétude des deux pays est largement partagée partout en Europe, mais le bilan économique de ces deux états est relativement plus mauvais qu’ailleurs. En effet l’Italie va terminer l’année 2020 avec une dette publique égale à 158% de son PIB, alors que celui-ci enregistre une baisse de 8,2% sur les neuf premiers mois de l’année. Malgré une surprenante hausse de 16,1% par rapport au deuxième trimestre, la baisse par rapport à l’an dernier est de 4,2%, et risque de ne pas s’améliorer du fait de la situation sanitaire critique.
L’Espagne quant à elle voit son PIB s’effondrer de 8,7% sur les neuf premiers mois, avec la pire récession annuelle des pays occidentaux prévue par le FMI, annoncée à une chute de 12,8% du PIB. Le rebond de 16,7% au troisième trimestre ne saura certainement pas se confirmer au quatrième avec ces nouvelles mesures.
Ainsi, les troisième et quatrième puissances économiques de la zone euro connaissant de lourdes difficultés qui ne sauraient s’effacer rapidement, les populations italienne et espagnole continuent de manifester pour partager leur détresse, même si cela ne constitue qu’une partie des habitants.
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