Retour sur l’effondrement de la Yougoslavie
Dernière mise à jour : 16 oct. 2022
Le passage à l’année 2022 marque les 30 ans de l’effondrement de cet État des Balkans. La fin de la Guerre Froide et la chute du bloc communiste a provoqué une explosion des nationalismes à l’Est. C’est notamment le cas dans les Balkans marqués par l’éclatement de la Yougoslavie. Trois décennies plus tard, qu’en est-il pour les pays de la région aujourd’hui et des ex-Yougoslaves ?
Opinions actuelles des ex-Yougoslaves
La perception de la Yougoslavie varie selon les individus et s’inscrit dans une forme de conflit des mémoires, beaucoup d’ex-Yougoslaves associent ce pays à des souvenirs de jeunesse et un idéal du passé. Pour d'autres, les traumatismes de la guerre et de la répression restent présents.
Predrag Lucic, écrivain et journaliste croate, déclarait il y a une dizaine d’années que “La Yougoslavie était notre Union européenne, rêvée par les meilleurs et détruite par les pires.” L’idée de la Yougoslavie reposait alors sur des valeurs proches de celles de l’Union Européenne à sa création : réunir des peuples différents dans un espace économique et culturel commun.
Aujourd’hui, soit trente ans après son effondrement, deux visions de la Yougoslavie antipodiques existent :
D’un côté celle d’un État autoritaire reposant sur une bureaucratie dépassée et un système répressif terrible; et de l’autre, celle d’une Yougoslavie bénéficiant d’une bonne situation économique, d’une certaine forme de liberté de presse et d’un bon positionnement sur l’échiquier géopolitique.
Husnija Kamberovic, un historien d’origine bosniaque spécialisé dans la région de l’Europe du Sud-Est, a déclaré au sujet de la Yougoslavie dans un entretien adressé au journal serbe Le Temps : « C’était le seul grand État des Balkans qui bénéficiait d’une renommée internationale. Toutes les tentatives de création de nouveaux grands États-nations sur les ruines de la Yougoslavie ne sont que des caricatures vouées à un échec historique ».
Dans une autre mesure, le politologue Radivoje Jovovic explique que « Si j’ai de merveilleux souvenirs d’enfance et d’adolescence, je n’ai aucun souvenir agréable des années 1990 et du régime de Milosevic. Je ne peux pas dire que je suis 'yougo-nostalgique' ».