top of page

UNOC : retour sur un évènement aux enjeux planétaires


I. Présentation générale de l’UNOC


Définition de l’UNOC : qu’est-ce que la Conférence des Nations Unies sur les Océans ?


L’United Nations Ocean Conference (UNOC) est un évènement régi par les Nations Unies, qui a été créée dans le but de soutenir la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable n°14 (ODD 14), dont la définition exacte est : « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines », dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations unies.


Face à l’urgence climatique, à l’acidification des océans, à la surpêche et à la pollution plastique, l’ONU a reconnu la nécessité d’une plateforme multilatérale dédiée exclusivement aux enjeux marins.


La Conférence des Nations Unies sur l’Océan constitue donc un rassemblement de différents acteurs (Etats, Nations Unies, ONG, société civile, institutions financières internationales) qui vise à soutenir une action urgente et plus poussée pour conserver et utiliser durablement l’océan, les mers et les ressources marines pour le développement durable.


Cette année, l’évènement aura lieu à Nice, du 9 au 13 juin, mais 3 autres rassemblements ont déjà été réalisés en amont : le One Ocean Science Congress (3-6 juin 2025, à Nice), le Blue Economy and Finance Forum (7-8 juin 2025, à Monaco), et la Conférence dédiée à la Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience (7 juin 2025, Nice).



Ouverture de la conférence par Emmanuel Macron


Origine et historique des éditions précédentes (New York 2017, Lisbonne 2022).


La première édition de l’UNOC s’est tenue à New York en 2017, au siège des Nations unies, sous la coprésidence de la Suède et des Fidji. Cette conférence fondatrice avait pour objectif principal de lancer un appel mondial à l’action pour protéger les océans. Elle a abouti à l’adoption d’un Appel à l’action — une déclaration politique engageant les pays participants à intensifier leurs efforts pour atteindre l’ODD 14. Plus de 1 400 engagements volontaires ont été pris à cette occasion par des États, des ONG, des entreprises et des institutions, autour de thématiques telles que la pêche durable, la réduction de la pollution plastique, la résilience des littoraux ou encore le renforcement de la recherche océanique. Cette première conférence a marqué une prise de conscience collective sans précédent de la gravité de la crise océanique mondiale.


La seconde édition s’est tenue à Lisbonne en 2022, sous la coprésidence du Portugal et du Kenya, dans un contexte où la nécessité de passer à l’action devenait urgente. Le thème retenu, « Renforcer l’action océanique fondée sur la science pour la mise en œuvre de l’ODD 14 », reflétait cette volonté d’aller au-delà des promesses pour promouvoir des solutions concrètes, soutenues par des données scientifiques robustes. L’accent a été mis sur l’innovation, les technologies marines, les partenariats public-privé et l’implication des jeunes générations. De nouveaux engagements volontaires ont été formulés, portant leur total à plus de 2 000 depuis 2017. La conférence a également renforcé la visibilité des pays du Sud, des communautés côtières vulnérables et des peuples autochtones dans les discussions sur la protection des océans. Elle s’est inscrite dans le lancement de la Décennie des sciences océaniques au service du développement durable (2021–2030), proclamée par l’ONU.


Objectifs globaux : mise en œuvre de l’ODD 14 (Vie aquatique) de l’Agenda 2030.


L’ODD 14 comporte dix cibles spécifiques à atteindre d’ici 2030, parmi lesquelles la réduction significative de la pollution marine, la gestion durable des écosystèmes marins et côtiers, la fin des subventions favorisant la surpêche, l’accès équitable aux ressources marines génétiques, ou encore le renforcement des connaissances scientifiques sur les océans. 


Au-delà de la protection de la biodiversité marine, il s’agit aussi de garantir les moyens de subsistance des populations côtières, la sécurité alimentaire et la résilience face aux catastrophes climatiques.


La mise en œuvre de cet objectif s’avère en effet indispensable. En effet, selon la FAO, 58,5 millions, dont 21% environ de femmes, le nombre de personnes qui travaillaient à temps complet, à temps partiel, à titre occasionnel ou sous un statut non précisé dans la pêche et l’aquaculture en 2020. Sur ce total, 35% étaient employés dans le secteur de l’aquaculture et 65 % dans celui de la pêche de capture. Le poids financier des océans constitue néanmoins dans certains cas un frein à sa protection, certains acteurs notamment des Etats voyant la régulation comme une diminution potentielle de leurs recettes économiques.




II. L’édition 2025 à Nice : enjeux et participation


Pourquoi Nice ? Contexte et symbolique du choix de la ville.


Le choix de Nice comme ville hôte de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) en 2025 repose à la fois sur des considérations géographiques, politiques et symboliques. Située au bord de la mer Méditerranée, Nice est une ville maritime emblématique, confrontée de manière directe aux enjeux abordés par l’ODD 14 : pression touristique, érosion côtière, pollution plastique, perte de biodiversité marine, mais aussi initiatives locales en faveur du développement durable. Ce contexte méditerranéen est hautement stratégique, car cette mer semi-fermée est l’une des plus polluées au monde, tout en étant un hotspot de biodiversité. En accueillant l’UNOC, Nice permet ainsi de replacer la Méditerranée au cœur des priorités océaniques mondiales, là où les précédentes éditions avaient davantage mis l’accent sur les océans Pacifique et Atlantique.


De plus, sur le plan symbolique, accueillir l’UNOC à Nice permet aussi de rapprocher les enjeux océaniques des citoyens, dans une ville reconnue pour sa dimension touristique et son ouverture à l’international. Ce choix illustre une volonté de territorialiser la diplomatie climatique, en montrant que les grandes conférences multilatérales ne doivent pas rester confinées aux capitales institutionnelles, mais s’ancrer dans des lieux concrets, exposés aux réalités de la crise écologique.


Thèmes principaux abordés cette année (ex : pollution plastique, aires marines protégées, pêche durable…)


L’édition 2025 de la Conférence des Nations unies sur l’océan s’articulera autour de plusieurs thèmes prioritaires, reflétant l’urgence d’une action collective et coordonnée pour protéger les écosystèmes marins. Parmi les enjeux centraux figurent la pollution plastique, la création et le renforcement des aires marines protégées, la pêche durable, la gestion des ressources marines génétiques, ou encore la résilience des populations côtières face au changement climatique. Ces thématiques s’inscrivent dans le prolongement des éditions précédentes, mais prennent une nouvelle ampleur dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques croissantes, des pressions économiques sur les océans et des limites planétaires de plus en plus franchies.


L’un des sujets les plus attendus de cette édition était sans doute la mise en œuvre du traité sur la haute mer, qui nécessitait 60 ratifications par les Etats pour être mis en place. Or, le 10 juin 2025, le Président français Emmanuel Macron a assuré que plus de 60 pays s’étaient engagés à le ratifier, et celui-ci rentrera donc en vigueur le 1er janvier 2026. Ce traité constitue une avancée historique, car il permet enfin d’établir un cadre juridique pour la haute mer, et permettrait de sanctuariser 30% des océans à l’échelle internationale, aujourd’hui largement laissés sans réglementation environnementale claire. Il prévoit notamment la création d’aires marines protégées en haute mer, l’évaluation d’impact environnemental des activités humaines, le partage équitable des ressources marines génétiques, et le transfert de technologies vers les pays en développement.



Ratifications du traité sur la Haute mer par plus de 60 Etats


Malgré les promesses du Traité, certaines ONG de défense de l’environnement contestent la réalité de l’extension des aires marines protégées. Greenpeace cite notamment l’exemple français. En effet, la France s’est engagée à placer sous le statut de “protection forte” 4% des ses eaux, contre 0,1% actuellement, mais ce chiffre demeure insuffisant et n’entraînera pas de changements majeurs pour les pêcheries selon plusieurs organisations, qui militent donc pour de nouveaux engagements français d’ici la fin de l’évènement.


Acteurs présents : États, ONG, scientifiques, secteur privé, société civile.


La Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) 2025 réunit une pluralité d’acteurs, issus de sphères très différentes mais complémentaires, ce qui en fait un événement unique dans le paysage diplomatique international. En premier lieu, les États membres de l’ONU y joueront un rôle central, en tant que détenteurs de la souveraineté juridique et politique sur les espaces maritimes. Ils y présenteront leurs engagements volontaires en matière de préservation des océans, négocieront des avancées multilatérales sur les enjeux sensibles — comme la pêche industrielle, la création d’aires marines protégées ou la régulation de l’exploitation minière en haute mer.


Aux côtés des délégations étatiques, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) environnementales sont également présentes. Leur rôle est fondamental pour documenter les pressions exercées sur les écosystèmes marins, alerter l’opinion publique, proposer des solutions innovantes, et exercer un contre-pouvoir face à l’inertie ou aux compromis diplomatiques. Des ONG telles que Greenpeace, Oceana, WWF ou Sea Shepherd portent également une voix forte sur la lutte contre la surpêche, la pollution plastique ou la justice environnementale. Les scientifiques disposent de plus d’une place de choix, afin de respecter les engagements donnés par la Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021–2030). Leurs données, modélisations, études de cas et recommandations sont essentielles pour que les décisions politiques reposent sur des bases solides. Des chercheurs en biologie marine, climatologie, droit maritime ou économie bleue partagent aussi les dernières avancées dans leurs domaines.


Le secteur privé est également largement représenté, notamment à travers les industries de la pêche, du transport maritime, de la cosmétique, de l’énergie offshore ou encore des technologies océaniques. Ces entreprises sont à la fois parties prenantes du problème et vecteurs potentiels de solutions : innovations en matière de matériaux biodégradables, réduction des émissions des navires, finance bleue, ou projets de restauration des récifs. L’UNOC constitue pour elles une plateforme d’échange et de visibilité, mais aussi un espace d’engagement responsable. Enfin, la société civile au sens large — associations locales, jeunes activistes, peuples autochtones, collectivités territoriales, artistes — permet aux populations situées en première ligne de témoigner et d’influer sur les débats en exprimant les changements qu’ils observent au quotidien dans leurs environnements respectifs. Ces voix permettent d’ancrer les discussions globales dans les réalités vécues au quotidien par des communautés dépendantes de l’océan, en revendiquant une approche plus inclusive de la gouvernance marine.


III. Retombées, attendues et perspectives pour la protection des océans


Annonces, engagements concrets et partenariats annoncés pendant la conférence.


Un des principaux engagements donnés lors de la conférence a été la coordination de la coalition ocean rise & coastal resilience.


Plus précisément, la Plateforme Océan & Climat a été mandatée par le président français M. Emmanuel Macron de coordonner le développement de la Coalition de villes et régions côtières Ocean Rise & Coastal Resilience, aux côtés du maire de Nice, M. Christian Estrosi, qui en assure sa présidence. La Coalition a officiellement été lancée le 7 juin 2025, lors de l’Événement Spécial consacré aux villes côtières face à l’élévation du niveau de la mer.


Avec pour ambition de rassembler des centaines de villes et régions, représentant 1 milliard de personnes dans le monde confrontées à l’élévation du niveau de la mer, la Coalition sera dédiée à faciliter l’adaptation des villes et régions côtières à travers le monde. 

En se concentrant sur trois priorités — à savoir la mobilisation, les connaissances et le financement — les objectifs de cette coalition seront :

  1. Organiser l’échange de pratiques sur les solutions à mettre en œuvre et renforcer l’accès, le partage et l’utilisation des connaissances et des données scientifiques ;

  2. Mobiliser les acteurs publics et privés du secteur financier pour qu’ils participent à la conception et à la mise en œuvre de mécanismes financiers adaptés aux besoins spécifiques des villes et des régions ;

  3. Plaider en faveur des intérêts des villes et des régions côtières, en renforçant leur représentation et leur leadership dans les forums politiques, les conférences internationales et les sommets.


De plus, la Conférence des Nations unies à Nice en 2025 est également l’occasion pour la France de continuer sa mobilisation pour l’entrée en vigueur en 2025 du traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ), vital pour l’Océan. Tandis que le traité totalise 50 ratifications d’États, il manque 10 ratifications pour que ce dernier puisse être effectif, et la France a en a fait une des priorités de la conférence. Lorsque les promesses de 15 pays de le ratifier bientôt seront tenues - annoncées par Emmanuel Macron à l’ouverture de la conférence - le traité pourrait alors être décisif pour le futur de la préservation environnementale, en étant mis en œuvre à partir de janvier 2026.

Le traité permet d’agir grâce à plusieurs leviers :

  1. créer des aires marines protégées à grande échelle en haute mer, au-delà des zones économiques exclusives (ZEE), dont des projets pilotes sont en cours et seront soutenus par des financements internationaux. Cela contribue à l’objectif de protéger 30 % des mers et océans d’ici 2030, fixé lors de la COP15 sur la biodiversité.

  2. obliger à la réalisation d’évaluations d’impact, toute activité économique en haute mer devra faire l’objet d’une évaluation d’impact environnemental et leurs opérateurs devront démontrer avoir pris toutes les mesures préventives raisonnables.

  3. garantir l'accès et le partage des ressources génétiques marines en imposant un système de notification pour la collecte de ressources biologiques (algues, poissons, etc.), et en contraignant en cas de commercialisation (pharmacie, cosmétique, biotech), au versement d’une contribution financière à un fonds mondial pour préserver la biodiversité en haute mer.

  4. soutenir les pays en développement avec des aides techniques, financières et en transfert de technologies marines pour faciliter la ratification et la mise en œuvre du traité dans les pays du Sud.


Alors que l’UNOC joue son rôle d’accélérateur quant à des actions pour la préservation des écosystèmes marins, la suite semble être la suivante :

  1. organiser l’entrée en vigueur de l’Accord et préparer la première réunion de la COP - véritable pouvoir décisionnel -, qui devra être convoquée par le Secrétaire général de l’ONU un an au plus tard après l’entrée en vigueur de l’Accord.

  2. préciser le mécanisme financier prévu à l’article 52 de l’Accord pour allouer les fonds nécessaires à son application

  3. à l’échelle nationale, adapter les législations internes afin d’intégrer les obligations du traité, s’agissant notamment de l’établissement et du contrôle des aires marines protégées, de l’évaluation de l’impact environnemental, etc.



 
 
 

Posts récents

Voir tout

Comments


Post: Blog2_Post

©2024 par EDHEC Nations Unies. Créé avec Wix.com

bottom of page