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Crise politique majeure au Pérou

Dernière mise à jour : 31 mars 2021

Par Emma Dupuch


Le Pérou vit actuellement une crise politique majeure puisqu’en une semaine, le pays a vu trois hommes différents au titre de chef de l’État.


Une présidence reniée


En effet, le lundi 9 novembre 2020, le président péruvien Martín Vizcarra a été destitué par le Parlement avec 105 voix (sur 130) en raison d’une « incapacité morale permanente ». Il fait l’objet d’une accusation de corruption : il aurait reçu 630 000$ pour influencer l’attribution de travaux publics alors qu’il était gouverneur du Moquegua (2011-2014). Cependant, aucune enquête judiciaire portant sur ces accusations, que l’ancien président a niées, n’a été ouverte.


Ancien vice-président de Pedro Pablo Kuczynski (PPK) étant devenu chef de l’État à la suite de la démission de celui-ci, Martin Vizcarra avait à cœur de lutter contre la corruption. Celle-ci a déjà largement affecté la classe politique péruvienne par le passé. En effet, PPK, élu en 2016, a démissionné en mars 2018 alors qu’il était au centre du scandale de corruption lié à l’entreprise Odebrecht. La corruption est un problème endémique dans le pays car tous les présidents péruviens depuis 1990 (Alberto Fujimori, Alejandro Toledo, Alan Garcia, Ollanta Humala, et PPK) ont été impliqués dans des scandales.


Une relève acclamée


C’est désormais Francisco Sagasti qui est président après avoir été élu par les parlementaires à 97 voix sur 130. Issu du Parti Violet (centriste) qui n’a pas soutenu la destitution du président Vizcarra, son élection par le Congrès est bien vue par l’opinion populaire.



Président du Congrès du 10 au 15 novembre, son prédécesseur Manuel Merino a démissionné en raison de la pression imposée par la rue. En effet, il était très populaire auprès de la population péruvienne. On a ainsi pu observer des manifestations de grande ampleur à l’annonce de sa destitution. Toutefois, les cortèges ont été violemment réprimés puisque trois manifestants sont morts et beaucoup d’autres ont été blessés à la suite des affrontements avec les forces de l’ordre. Une enquête pour abus de pouvoir, homicide et disparition forcée a été ouverte. Une enquête pour abus de pouvoir, homicide et disparition forcée a été ouverte contre Manuel Merino, son ex-Premier ministre et son ex-ministre de l’Intérieur.


C’est désormais Francisco Sagasti qui est président après avoir été élu par les parlementaires à 97 voix sur 130. Issu du Parti Violet (centriste) qui n’a pas soutenu la destitution du président Vizcarra, son élection par le Congrès est bien vue par l’opinion populaire. Selon BBC Mundo, « les analystes s’accordent à décrire Sagasti comme une personne sensée qui a réussi à convaincre la majorité et qui, depuis son arrivée au Parlement il y a huit mois, s’est démarquée par son caractère conciliant ».


Cet ingénieur ayant travaillé pour la Banque mondiale succède à Manuel Merino, du parti de centre-droit Action populaire (AP). Il avait été à l’origine de la première tentative de motion de censure à l’encontre de Vizcarra en septembre. Pourtant, comme nombre d’autres parlementaires, Merino a fait l’objet d’une accusation de conflits d’intérêts. Président du Congrès du 10 au 15 novembre, ce dernier a démissionné en raison de la pression imposée par la rue. En effet, Martín Vizcarra était très populaire auprès de la population péruvienne. On a ainsi pu observer des manifestations de grande ampleur à l’annonce de sa destitution. Les protestataires ont notamment reproché à une partie de la classe politique de se servir des processus de destitution pour élargir leur pouvoir. Des accusations de «coup d’État» ont aussi fait surface.


Crédit photo : Joe Green / Unsplash

Une situation déjà critique


Cette crise politique ne fait qu’empirer la situation du Pérou. En effet, le pays est gravement touché par la crise sanitaire liée à la pandémie. Malgré des politiques de confinement ou de couvre-feu, le coronavirus a fait plus de 35 000 morts. Selon l’organisme Statista, une étude menée le 27 octobre 2020 montrait que le Pérou était le pays du monde où le taux de mortalité de la Covid-19 était le plus élevé (1050 pour un million d’habitants).


La crise sanitaire a aussi eu des conséquences économiques. Il faut savoir que le Pérou est le pays d’Amérique Latine, après le Venezuela, qui devrait subir la baisse la plus brutale de son PIB (Produit Intérieur Brut) avec une chute estimée à 13% par la CEPAL (Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes). Le confinement, dont la durée a été une des plus étendues au monde a, par la fermeture de commerces et établissements, entraîné une importante contraction de l’économie. D’autre part, le Pérou a connu une baisse notable de ses exportations de produits miniers vers les États-Unis et la Chine.


Pour conclure, en parallèle des défis sanitaires, sociaux et économiques, Francisco Sagasti a pour mission d’assurer la transition et de restaurer la stabilité politique jusqu’au premier tour des élections présidentielles qui se tiendra en avril 2021. En février dernier, il avait déclaré : « Il est important pour le Congrès de détruire l’idée selon laquelle les parlementaires doivent s’affronter au travers de groupes distincts, et chercher à répondre aux attentes des citoyens».


Crédit photo : Abya Yala Digital, Wikimedia commons, no change made, Creative Commons CC BY license


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