Dans le désert sibérien : alliances et tensions entre la Russie et la Chine
Ces 25 dernières années, la Sibérie a perdu 2 millions d’habitants. Malgré l'accroissement de la quantité de terres que le président russe Vladimir Poutine offre gratuitement à qui s’installera en Sibérie, la tendance n’est pas prête de s’inverser. Pourtant, pour les Russes, il y a désormais urgence : il s’agit d’assurer leur assise en Sibérie avant que les Chinois ne la repeuplent pour eux.

L’étalement de la Russie et de la Chine en Sibérie
En août 2021, le ministre de la défense russe, Sergueï Kozhugetovich Shoigu, annonce la construction de cinq grandes villes en Sibérie d’entre 300 000 et 1 million d’habitants. Chacune de ces nouvelles villes devrait être dédiée à une part différente de l’industrie. Le gouvernement prévoit d’en faire au moins une spécialisée dans l’ingénierie électrique, l’autre dans la pétrochimie et une dernière spécialisée dans la transformation du bois. Ce projet devrait permettre de booster la démographie de la région et de développer de nouveaux cœurs économiques dans cette partie orientale du pays, que l’on appelle encore parfois “la Russie inutile”.
On peut remarquer que ce plan se situe dans l’orientation politique générale russe ces dernières années, s'orientant vers une “asiatisation” de la Russie. Dans ce contexte, le pays a tout intérêt à développer ses liens avec la Chine. La Sibérie joue déjà un rôle dans ce rapprochement depuis quelques années. En effet, dès 2015 l’Empire du Milieu a acquis 15 000 hectares de terres agricoles sibériennes pour 49 ans. Les termes de l’échange permettent à la Russie - en grande difficulté financière - d’obtenir 1,5 milliard de roubles (plus de 25 millions d’euros) et de créer de l’emploi dans une région désertique.
Quant à la Chine, elle obtient une nouvelle façon de nourrir sa population aux habitudes alimentaires de plus en plus diversifiées à mesure que le pays se développe économiquement. Ce plan, par nature, semble donc gagnant-gagnant.