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L’Arctique sous tension

Par Marine Testé



Sommet de coopération politique et intégration régionale de l’Arctique


Tous les deux ans, depuis 1996, les pays riverains de l’Arctique se réunissent lors d’un sommet afin de promouvoir « les aspects environnementaux, économiques et sociaux du développement durable dans la région » et s’engager à préserver la région.


Le sommet à Reykjavik a réuni les pays voisins de l’Arctique - Russie, États-Unis, Canada, Danemark, Suède, Finlande, Norvège et Islande - mais également des pays observateurs tels que la Chine, la France et l’Allemagne. Au cours du sommet, développement durable, coopération pacifique et protection des autochtones menacés par le réchauffement climatique ont été évoqués.


Le jeudi 20 mai s’est tenu un sommet sous tension suite à l’entraînement des bombardiers américains en Norvège et des sous-marins russes, ainsi que l’entraînement à la neutralisation d’attaques de drones dans la zone, ravivant un esprit de guerre froide.

Cependant, lors du sommet, les ministres des affaires étrangères américain et russe ont démontré leur volonté d’apaiser les tensions.


Une zone convoitée


C’est en 2007 que l’Arctique remonte sur le devant de la scène internationale lorsque le Canada décide de construire un port en eau profonde dans le passage du Nord-Ouest, accompagnant sa décision d’un discours défendant la souveraineté canadienne sur cet océan.

La Russie, en désaccord avec ces déclarations, a planté un drapeau russe en titane au Pôle Nord.

De plus, cette même année, l’institut polaire norvégien a découvert que le passage Nord-Ouest était totalement ouvert à la navigation pour la première fois de l’humanité. Le réchauffement climatique ouvre alors la voie à de nouvelles routes maritimes, plus courtes, réduisant considérablement le temps qu’il faut pour relier l’Europe et l'Asie. Elles ont donc un rôle-clé dans les futurs échanges internationaux.


La fonte des glaces apparaît d’autant plus comme une aubaine pour certains pays car l’Arctique est riche en ressources telles que le plomb, zinc, uranium, platine.. et rend donc plus accessibles les gisements d’hydrocarbures. Selon des études scientifiques la zone possèderait plus de 22% des réserves mondiales en hydrocarbures non découvertes : 10% des réserves mondiales de pétrole, et 30% des réserves de gaz naturel.


Ces découvertes marquent dont le début d’une course aux revendications territoriales : Canada, Russie, Norvège et Danemark ont demandé une extension de leur ZEE (zone économique exclusive) afin d’obtenir des droits sur les fonds marins.


Militarisation de la zone


Du fait de ses précieuses ressources, la zone connaît depuis peu une militarisation.

Depuis 2010, la Russie a construit ou modernisé 14 bases militaires datant de l’époque soviétique, et multiplié les exercices militaires.

De nombreux tests et entraînements militaires ont été effectués par les Russes telle la simulation d’une attaque contre un radar norvégien. De plus, la Russie a lancé la première centrale nucléaire flottante du monde en 2019, dans le but de faciliter le développement de l’Arctique.


L’OTAN n’est pas en reste et répond avec des exercices militaires de plus en plus récurrents. En 2018, l’union militaire a organisé un exercice regroupant les troupes des 29 pays membres de la Norvège et de la Finlande. L’exercice militaire, Trident Juncture, a été d’une ampleur inégalée depuis le début de la guerre froide.



Petit à petit, l’Arctique s’est transformé en une zone de tensions géopolitiques.

Cependant, à ce jour, ni la Russie, ni les États-Unis ne sont en capacité de déployer des moyens militaires dans l’Arctique en moins de 48 heures.


Une zone de tensions suscitée par ses richesses dégagées par le réchauffement climatique


Les États-Unis, la Russie et la Chine convoitent les ressources naturelles de l’Arctique.

Le ministre des affaires étrangères russe dénonce l’invasion occidentale sur une terre où il revendique l’influence légitime de Moscou. Une grande majorité des hydrocarbures se trouverait dans la ZEE russe. La Russie mise donc beaucoup dessus et souhaite de plus en plus transiter par l’Arctique. Pour ce faire, et pour marquer son territoire, Moscou a construit une usine de liquéfaction de gaz à Sabetta, dans la péninsule de Yamal, avec la Chine et le groupe français Total.


Son homologue américain, Antony Blinken, dénonce lui l’augmentation des activités militaires dans la zone.

La Chine a également à maintes reprises réaffirmé son intérêt pour la région. Tout d’abord en construisant une station scientifique dans un archipel norvégien, puis en faisant son entrée dans le conseil de l’Arctique avec un statut d’observateur en 2013. En 2018, la Chine va même plus loin en se définissant comme un État proche-Arctique lors de la présentation de sa politique de l’Arctique. Depuis, la Chine se démarque comme le premier investisseur dans la zone et s’implique dans de nombreux projets miniers et pétroliers.


Plus l’Arctique se libère avec la fonte des glaces, plus y développer des activités économiques devient rentable : la zone devient le nouvel enjeu où convergent les puissances de l’hémisphère nord.


Crédit photo 1 : Matti&Keti/ Wikimedia Commons, no change made / Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Crédit photo 2 : Georges Clerc-Rampal / Wikimedia Commons, no change made / Public Domain

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