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Où en est le Hirak, deux ans après le début de la contestation en Algérie ?

Dernière mise à jour : 4 mars 2021

Par Rita Sidki


Le lundi 22 février 2021, date du second anniversaire du mouvement de contestation du Hirak, des manifestations en son nom ont eu lieu en Algérie. Malgré l’ampleur de la contestation, le Hirak reste aujourd’hui un mouvement autonome et non une force politique structurée. Ses revendications tournent toujours autour du départ des dignitaires du régime et la mise en place d’un Etat de droit.

Manifestation en Algérie.

La reprise du mouvement « dégagiste »


Deux ans après, le mouvement de contestation populaire reprend de l’ampleur : des milliers de manifestants se sont réunis dans une trentaine de villes lundi dernier. Il s’agissait d’une journée de contestations sous tension. La police a cherché à disperser les cortèges et le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD) estime qu’au moins 18 manifestants ont été interpellés.


Les appels à manifester se multipliaient sur les réseaux sociaux ces derniers jours malgré les nombreuses convocations judiciaires de militants qui ont lieu depuis le début du mouvement en raison du contenu qu’ils publient sur internet.

Pour les étudiants algériens, cette reprise du mouvement a également été l’occasion pour protester contre la précarisation des conditions de vie sur les campus du pays. Au début du mois de février, l’étudiante Nacéra Bekkouche est décédée d’électrocution après un « court-circuit » dans sa chambre dû à l’insalubrité de son logement.


L’origine du Hirak


En février 2019, des dizaines de milliers d'Algériens descendent spontanément dans les rues du pays pour protester contre la perspective d'un cinquième mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier était à la tête du pays depuis près de deux décennies. La première marche de ce mouvement, intitulé Hirak, a lieu en Algérie le vendredi 22 février 2019. Des manifestations se sont poursuivies après chaque vendredi.


Un mois après avoir renoncé à se présenter à l’élection présidentielle, le 2 avril 2019, Abdelaziz Bouteflika démissionne. Le général Gaïd Salah, figure du haut commandement militaire, assure alors l'intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau président mais rejette les principales demandes du Hirak. En novembre 2019, des ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent une "répression généralisée" du mouvement. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) comptabilise en effet au moins 1.000 interpellations et 200 mandats de dépôt en 2019. Le mouvement est suspendu en mars 2020 pour cause de l’épidémie de Covid-19.

Manifestations contre le pouvoir en place en Algérie.

Finalement, Abdelmadjid Tebboune a été élu président lors des élections du 12 décembre 2019. Le résultat a été fortement contesté par les militants du Hirak. En effet, Abdelmadjid Tebboune est un ancien fidèle de M. Bouteflika. L’Autorité Nationale Indépendante des élections a indiqué que le taux de participation nationale était faible : 39,93% des électeurs ont voté lors de cette élection.

Le Hirak exige un changement de régime politique, cependant il a du mal à faire appliquer ses revendications. En effet, il n’a pas de programme clair ni de leadership permettant de faire pression sur le gouvernement et semble ainsi battre de l’aile.


La position ambiguë du gouvernement face au Hirak


Après avoir passé un séjour en Allemagne pour se faire soigner suite à des complications post-Covid, le président algérien a semblé souhaiter apaiser les relations entre le Hirak et le gouvernement. Les autorités oscillent entre tentatives de conciliation et répression vis-à-vis du mouvement.


Le 18 février, le président a fait preuve d'un geste d'apaisement auprès du mouvement de protestation : il a décrété une grâce présidentielle en faveur d'une soixantaine de détenus d'opinion. Pour l'instant, près de quarante prisonniers ont été libérés. Environ trente personnes sont actuellement toujours en prison en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles.


Le président a par ailleurs décidé de dissoudre l’Assemblée populaire nationale (APN) pour appeler à des élections législatives anticipées prévues plus tard dans l’année. Ce dernier a affirmé vouloir « ouvrir ses portes à la jeunesse ».


Un remaniement ministériel qui était très attendu a également eu lieu, mais sans changement majeur. Plus précisément, le ministre de la justice, Belkacem Zeghmati, conserve son poste. Ce dernier est très critiqué quant à la répression judiciaire qu’il a menée contre des militants du Hirak.


La chaîne de télévision publique algérienne a déclaré concernant la reprise des manifestations qu’il s’agissait d’une : « célébration du Hirak béni, décrétée par le président de la République comme la journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée ».


Crédit photo 1 : Skyscraper5 / Wikimedia Commons, no change made, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International

Crédit photo 2 : Titouhwayne/ Wikimedia Commons, no change made, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International

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