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États-Unis : premier sommet nord-américain depuis cinq ans

Les trois pays de l’Amérique du Nord (Canada, Mexique, États-Unis) se sont réunis à Washington pour relancer l’intégration économique régionale, une organisation mise à mal par le protectionnisme américain et le contexte sanitaire.


Une organisation régionale mise à mal par le mandat de Donald Trump


Durant la seconde phase de la mondialisation des années 1990, on assiste à la constitution d'organisations économiques régionales dans le monde. C’est dans ce contexte que L’Alena voit le jour en 1994. Cette dernière est bénéfique aux États-Unis sur plusieurs plans. Sur le plan économique, les entreprises américaines gagnent en productivité avec la sous-traitance utilisée sur certaines productions au Mexique.


Elles peuvent aussi jouir des ressources canadiennes à moindre coût comme l’électricité. Mais surtout, l’Alena a des conséquences géopolitiques pour les États-Unis. En effet, en permettant de dynamiser les frontières, les territoires du Sud des États-Unis récupèrent des emplois : les millions créés au nord du Mexique permettent de limiter des flux de migrants mexicains en recherche d’emploi vers les États-Unis et cette organisation permet leur permet de renforcer leur domination de l’Amérique du Nord.


Cependant, l'ex-président Donald Trump a remis en question cette dynamique régionale. L’ALENA devient en effet sous son mandat “l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM)”. Le nouveau nom donne le ton, car l’acronyme souligne la présence de trois pays bien distincts et non une fusion en un nouveau corps politique comme le suggère le terme ALENA. Mais concrètement, qu’est ce qui change avec ce nouvel accord ? Parmi les changements, l’acier et les produits laitiers canadiens sont davantage taxés aux États-Unis, et les voitures produites en Amérique du Nord doivent contenir plus de composants américains.

Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus globale : le protectionnisme assumé à l’échelle mondiale. Dès son arrivée au pouvoir, Trump s’entoure d’une administration favorable au protectionnisme. Dans cette administration, on retrouve par exemple Peter Navarro (conseiller du président) qui a réalisé le documentaire provocateur Death by China ; ou encore Robert Lighthizer (représentant au commerce des États-Unis) qui est convaincu des bienfaits de l’arme commerciale après l’avoir utilisé contre le Japon sous le mandat de Ronald Reagan. Les sanctions économiques des États-Unis concernent en premier lieu la Chine, mais le Canada et l’Union Européenne (en particulier les voitures allemandes ou le vin français) ne sont pas en reste.



Un protectionnisme au bilan mitigé


La politique de Trump semble avoir été en grande partie inefficace à court terme. Elle a eu pour conséquences l'augmentation des barrières douanières pour consommer local, mais en baissant les impôts, les Américains consomment les mêmes produits. De plus, c’est aussi une erreur géopolitique. La Chine importe désormais plus de soja brésilien pour détourner les sanctions. Ceci a pour conséquence de voir la Chine renforcer son emprise sur l’Amérique Latine tout en mettant à mal le cultivateur de soja américain qui perd un gros client. La Chine accélère ses délocalisations vers l’Asie du Sud Est. Cela contribue à renforcer son hégémonie en Indopacifique, chose désavantageuse pour les États-Unis.


De plus, il y a parfois un fossé entre le discours et la réalité à propos des bienfaits de la politique commerciale menée par Donald Trump. Par exemple, jusqu'ici,

chaque constructeur américain n'avait le droit d'exporter chaque année vers la

Corée du Sud que 25.000 voitures. Avec le nouveau traité, ce quota annuel passe

à 50.000 unités. Or, le groupe américain ayant le plus exporté de voitures vers la Corée en 2017, n’en avait envoyé que 12 000.Tous ces éléments font que, malgré la guerre commerciale, les États-Unis ont enregistré en 2018 un nouveau record en termes de déficit commercial vis-à-vis de la Chine.

Pourtant, la guerre commerciale continue avec Joe Biden.

Joe Biden poursuit actuellement la même politique protectionniste que son prédécesseur. Durant sa tournée européenne du mois de juin, Joe Biden mobilise ses alliés européens opposés à la Chine. La reprise du dialogue entre les membres de l’accord commercial nord-américain pourrait aller dans ce sens. Sans surprise, la politique commerciale des États-Unis à l’égard de Pékin a très peu changé. Les niveaux de droits de douane sont restés les mêmes : environ 70 % des produits chinois sont toujours surtaxés aux États-Unis.


Crédit photo 1 : Wikimedia commons, no change made, Gzen92, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Crédit photo 2 : Wikimedia commons, no change made, European Parliament from EU, Creative Commons Attribution 4.0


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