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Emeutes en Irlande du Nord

Par Marine Testé


L’Irlande du Nord révoltée


Depuis plusieurs jours, l’Irlande du Nord est secouée par des violences sans précédent, causant des dizaines de blessés, dont 90 policiers.


PSNI officers.

Les émeutes ont débuté le 29 mars à Londonderry. Les unionistes à majorité protestante, qui sont partisans d’une union totale avec le Royaume-Uni, ont montré leur ressentiment face aux conséquences du Brexit. Les affrontements se sont intensifiés au point que les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau pour la première fois depuis de nombreuses années. De plus, les portes du « mur de la paix », qui séparent les quartiers unionistes et républicains, ont été enflammées.


Si au départ les émeutes opposent les unionistes protestants à la police, on remarque depuis quelques jours que dans quelques villes s’opposent les unionistes protestants et les unionistes catholiques, qui sont eux en faveur d’une réunification avec la République d’Irlande.


Les conséquences du Brexit ont un goût amer pour les Irlandais


Dès 2016, John Major et Tony Blair avaient lancé un avertissement quant aux conséquences du Brexit sur le fragile équilibre en Irlande du Nord, un avertissement malheureusement largement ignoré.


Le Brexit a conduit à l’introduction de contrôles douaniers entre le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord qui fait partie de l’Union Européenne. Dans le but d’éviter le retour à une frontière physique entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, il a été décidé que les contrôles auront lieu dans les ports irlandais. Cela perturbe donc les échanges commerciaux, créant ainsi des pénuries temporaires dans les supermarchés.


Un sentiment de trahison


Les unionistes dénoncent cette frontière entre eux et la Grande-Bretagne : elle est vue comme une trahison de la part de Londres. On peut également voir plusieurs tags titrant « Non à la frontière maritime irlandaise » dans de nombreuses villes du pays.

La ministre de la justice, Naomi Long, dénonce des promesses non tenues du gouvernement britannique.



Cette frontière maritime est en effet le fruit du choix de Boris Johnson, dont l’unionisme est pourtant l’un des fondamentaux, qui a souhaité un Brexit dur. Cela renforce le sentiment de trahison par l’un des leurs pour les unionistes irlandais. Malgré qu’il ait pourtant déclaré en août 2020 « une frontière en Irlande du Nord ? il faudra me passer sur le corps », il a tout de même signé le retrait de la Grande Bretagne de l’union douanière européenne, conduisant à cette situation. Les Irlandais à qui l’on avait promis « le meilleur des deux mondes » comme ils restent membres de l’Union Européenne et du Royaume-Uni, se sentent trahis et rejetés.


Un douloureux souvenir pour les Irlandais


Ce samedi a pourtant marqué le 23e anniversaire de l’accord du Vendredi Saint en 1998. Cet accord avait mis fin aux Troubles, qui avaient opposé pendant plus de 30 ans les républicains catholiques, partisans d’une réunification avec l’Irlande, aux unionistes protestants, en faveur de l’appartenance de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Cette guerre civile avait fait plus de 35000 morts.

Le Premier ministre irlandais craint « une spirale ramenant vers l’époque sombre des meurtres sectaires et des discordes politiques ».


Réactions nationales et internationales


Le gouvernement britannique a appelé au calme, mais cet appel est resté lettre morte.

« La violence n’a aucun rôle à jouer pour résoudre les problèmes » a-t-il ajouté.

Les Premiers ministres britannique et irlandais ont appelé au dialogue, rejoignant les dirigeants d’Irlande du Nord, et ont condamné ces « violences inacceptables »

Washington s’est également dit « préoccupé » par la situation.


Face à la crainte de revivre les Troubles, les catholiques irlandais ont écrit une lettre aux dirigeants irlandais, britanniques et européens en les incitants à œuvrer enfin pour mettre fin aux tensions.

Ces évènements rappellent à quel point le Brexit a secoué l’Europe, mais également le Royaume-Uni.


Crédit photo 1 : Sinead, Wikimedia Commons, no change made, Creative Commons Attribution 2.0

Crédit photo 2 : AlanMc/ Wikimedia Commons, no change made, Domaine Public

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