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La découverte de tombes anonymes d’enfants autochtones scandalise le Canada

Par Rita Sidki


Le jeudi 24 juin 2021, le chef de la nation Cowessess a déclaré que 750 tombes ont été retrouvées lors des fouilles d’un ancien pensionnat pour enfants autochtones. Il s’agit de la deuxième macabre découverte au Canada en deux mois. Ces événements ont provoqué la stupéfaction de la classe politique et des demandes de réparation.



Les fouilles de pensionnats d’enfants


En mai dernier, les ossements de 215 enfants ont été retrouvés à Kamloops. Ils étaient enfouis dans une fosse commune d’un ancien pensionnat autochtone. Cette fois-ci, ce sont 750 tombes anonymes qui ont été découvertes lors de fouilles sur le site d’un établissement similaire dans la commune de Marieval.

Les fouilles sur ce site ont débuté le 2 juin dernier. Le chef Cadmus Delorme a déclaré lors d’une conférence de presse que « ce n’est pas une fosse commune, ce sont des tombes non identifiées ». D’après lui, certaines de ces tombes étaient identifiées par le passé mais les stèles ont été retirées par des représentants de l’Eglise catholique.


Dans un communiqué, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a estimé que le pays devait « tirer les leçons de son passé et avancer sur le chemin commun de la réconciliation ».

Le chef de la Fédération des Nations Autochtones Souveraines du Sakatchewan a dénoncé quant à lui un « crime contre l’humanité ». Ce dernier a demandé au gouvernement et à l'Église de collaborer dans la recherche des restes de ces enfants. A la suite de ces découvertes, de nombreuses fouilles ont débuté dans d’autres de ces anciens établissements.


Des rassemblements ont eu lieu à Vancouver et à Montréal pour rendre hommage aux victimes. Une minute de silence a été observée avant un match de hockey très attendu et les drapeaux sur les bâtiments fédéraux et provinciaux ont été baissés.


Le « génocide culturel » des populations autochtones du Canada


Selon les données de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, jusqu'aux années 1990, à peu près 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été placés de force dans 139 pensionnats à travers le pays. Ces établissements étaient principalement gérés par l’Eglise Catholique afin de les assimiler à la culture occidentale/blanche considérée comme dominante à cette époque. Ces enfants ont été séparés de leur famille, de leur langue et de leur culture. Nombre d’entre eux ont subi des maltraitances, souffraient de malnutrition, de maladies et d'abus sexuels.


Une commission d’enquête estime à 4 000 le nombre de ces enfants ayant trouvé la mort.

Aujourd’hui, les communautés des Premières Nations subissent encore des discriminations. Selon le Centre canadien de la statistique juridique, les peuples autochtones représentent environ 19 % des détenus fédéraux, alors qu'ils comptent seulement 3 % de la population nationale.


En 2019, une commission d’enquête publique souligne que les femmes autochtones font face à une violence disproportionnée. Elle relève notamment qu’entre 1997 et 2000, le taux d’homicide était environ sept fois plus élevé pour les femmes autochtones que pour les femmes non autochtones.


Quelle est l’action de l’Etat ?


Justin Trudeau

Des programmes innovateurs de prévention du crime, des initiatives aidant les autochtones à exercer un plus grand contrôle sur les services de police et l'administration de la justice, ont été mis en place à partir de 1992. Ils reposent sur l'idée que les autochtones eux-mêmes doivent répondre aux besoins de leurs communautés et assurer leur protection afin qu'elles ne soient pas victimes de discrimination légale.


En 2008, le Premier ministre de l’époque Stephen Harper avait formellement présenté les excuses du Canada aux peuples des Premières Nations pour ce qu’ils ont subi. L’actuel Premier ministre avait fait de la réconciliation avec la communauté autochtone une priorité politique dès son élection en 2015.

Cependant, de nombreuses voix s’élèvent et réclament des réparations directes de la part des gouvernements fédéraux et provinciaux et des autorités religieuses. Les chefs des organisations de représentation et de défense des peuples autochtones réclament que des recherches systématiques soient menées sur l’ensemble des sites de ces pensionnats dans le pays. Perry Bellegarde, chef de l’Assemblée des Premières Nations, accuse les précédents gouvernements d’avoir « volé » ces enfants « dans le but d’exterminer leur langue et leur mode de vie ». Aujourd’hui les survivants et descendants de la communauté autochtone méritent de connaître la vérité d’après lui.


Crédit photo 1 : Lovers Lounge/ Wikimedia Commons, no change made/ Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0

Crédit photo 2 : Stéfano Girardelli/ Unsplash

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